mardi 20 mars 2012

Instantané.







" Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Prenez attention. Tâchez d'être heureux."

Texte d'un auteur inconnu, trouvé dans une vieille église de Baltimore en 1692.


lundi 19 mars 2012

Introduction.



Elle parle de fragilité.
Une autre admire cette propension à se donner entière, sans compter, sans attendre.

J’irai jusqu’à parler de vice. C’est tellement plus simple, de vivre à travers les autres – et ne pas affronter la terrible épreuve du jugement personnel. Savoir ce qu’on veut, ce qu’on vaut , où on va. Plus facile de s’investir dans du concret, du matériel, de la valeur sûre – car on ne peut avoir moins confiance en quelqu’un qu’en soi même.  Vivre pour quelqu’un d’autre, c’est une façon lâche de se dédouaner de ses échecs et de sa douleur. C’est surtout totalement inefficace ; on a peu de prises sur soi même, on en a encore moins sur les autres, ces gens qu’on pense si bien connaître et qui ne font que bousculer nos vies.

Je tente de me convaincre, qu’à l’image de la jeunesse de tout temps, je rêve d’aventures, de voyages, d’imprévu, ne pas savoir où je serais demain. C’est terrible, ça, pour moi. Je n’ai aucun point d’appui, aucun repère, aucune accroche : je me fixe sur des gens, en oubliant qu’ils sont mobiles eux aussi. J’espère que leur présence sera éternelle et que rien ne changera, mon esprit s’applique à dessiner une vie future rangée et ordonnée, une sorte de point d’ancrage dans le futur. J’oublie là aussi que le futur ne fait qu’évoluer, se transformer, et qu’il n’y a rien au monde qui reste immobile.

Je n’ai ni la colère, ni l’ambition, ni l’envie, ni la paresse ; j’ai l’amour pour vice, l’envie insatiable et le besoin pressant d’aimer et de l’être en retour.  Certains se complaisent dans l’argent ou les flatteries ; je me repais de tendresse et d’affection, de cette attention que je cherche dans chacun de mes actes. Enfin j’ai besoin qu’on me reconnaisse, qu’on m’aime et qu’on me rassure, qu’on me sauve de cette détresse absolue qui est celle de l’inconnu. Cette phobie de l’abandon et du mépris filtre dans mes veines et je reste impuissante. J’ai besoin qu’on me tienne la main, mais non pas le premier venu : celui ou celle que mon vice aura choisi, dans sa raison hasardeuse. Cette urgence grotesque qu’on me dise enfin que tout ira bien, à présent.

J’ai ce besoin extrême de déléguer ma vie. Je ne peux la vivre par moi-même, tout simplement car je n’existe pas.